« Dikembe Mutombo, c’était notre druide, un pionnier, un ambassadeur »

Parler de Dikembe Mutombo, décédé la semaine dernière à seulement 58 ans d’une tumeur au cerveau, c’est aussi parler de souvenirs de jeunesse pour Duke Tshomba. « Mon meilleur ami est le cousin direct de Dikembe. Nous on était déjà là, et tous jeunes, quand il a eu sa bourse d’études pour aller à Georgetown, quand John Thompson (NDLR : l’entraineur des Hoyas) pensait qu’il avait le potentiel pour aller en NBA« . Plus que le cousin d’un ami ou un joueur de basket, Dikembe Mutombo était aussi un phare. « C’était notre pionnier, c’est le premier à avoir réussi à le faire, du Congo à la plus grande ligue de basket au monde en passant par une université aussi renommée que Georgetown. C’est quelque chose de fou ! Patrick Ewing, Alonzo Mourning… Dikembe Mutombo a fait partie de cette royauté des big man ». En plus d’être drafté en NBA, le géant congolais signe aussi un contrat avec Adidas et a sa propre chaussure : « Et il met en avant le blason africain sur le logo de sa chaussure, c’était juste énorme », précise Duke Tshomba.

Un exemple pour tous
En plus d’être un exemple pour Duke Tshomba mais aussi pour la jeunesse africaine, Dikembe Mutombo n’est pas avare en conseils non plus. « C’était notre druide. Avec le calendrier NBA, cela devenait compliqué de se croiser mais quand c’était le cas, on le bombardait de questions et de trucs. Et puis toi tu commences à grandir aussi, le rêve a toujours été d’aller en NBA. Tu commences à franchir des étapes, être un bon joueur, être repéré. Et au fur et à mesure, c’est une source d’inspiration quand tu as quelqu’un de ton entourage qui a réussi. Tu te dis que c’est possible, que c’est pas inimaginable en fait ». Un parcours qui a aussi inspiré de nombreux joueurs africains : « Il a ouvert les portes et cela a permis à DJ Mbenga, à Serge Ibaka, à Bismack Biyombo et à Joel Embiid d’y parvenir. Il ne faut pas négliger tout cela. C’est lui qui a insisté, avec Hakeem Olajuwon, d’envoyer des scouts en Afrique. C’était notre ambassadeur », ajoute encore l’ancien joueur professionnel.

 

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Une empreinte laissée dans le monde
Quand on évoque Dikembe Mutombo, tout le monde aura à l’esprit son long index et son « no no » après un contre qui lui ont notamment valu quatre titres de meilleur défenseur de l’année en NBA. C’est aussi une voix rocailleuse, un rire et un sourire en toutes circonstances. « Quand tu prends conscience comme lui du parcours qu’il a traversé pour en arriver là, tu ne peux que sourire à la vie. Imagine, sortir du Congo dans les années 80, recevoir une bourse d’études aux USA, être drafté… Imagine toutes les difficultés en étant noir, immigré. Je pense que c’était l’une de ses plus grandes forces. Et comme lui souriait à la vie, la vie lui souriait en retour ». Il a aussi beaucoup rendu à la vie et laissera une marque par son engagement humanitaire : « ll n’a pas oublié d’où il vient ni les embûches dont la communauté a souffert. Et c’est ça qui fait la différence. C’est ton devoir de pouvoir essayer de renvoyer l’ascenseur et c’est ce qu’il a réussi à faire. Des milliers de personnes bénéficient de soins grâce à l’hôpital qu’il a construit. L’impact de Dikembe Mutombo va bien au-delà de la raquette, une véritable inspiration », conclut Duke Tshomba.

Une grande inspiration pour Jonathan Tabu
Sans l’avoir jamais rencontré, Jonathan Tabu a également été largement inspiré par Dikembe Mutombo. « Même si vu ma taille, mon idole était Michael Jordan, il a été une inspiration, venant du Congo et ayant accompli ce qu’il a accompli. C’était une grande inspiration. Je me souviens aussi de cette fameuse vidéo où il parle de tous ses noms (NDLR : voir vidéo ci-dessous). » C’est surtout son engagement qui l’inspire : « Quand j’ai vu tout ce qu’il a essayé de faire pour le continent africain, son pays… Je me suis dit que c’était un joueur à regarder et ce qu’il a fait en dehors du basket, c’est très grand et très fort. Il reprenait des vieux bus américains jaunes pour les amener au Congo, il a construit des hôpitaux… ». L’ancien Belgian Lion s’est aussi engagé depuis : « Il m’a inspiré par rapport à ce que je fais à mon niveau avec Play 4 Africa. Je mène des actions sur place au niveau des équipements sportifs, je donne de mon temps, j’organise des camps et un tournoi international qui aura lieu à Charleroi les 31 mai et 1er juin avec le Spirou. Tous les fonds qu’on récolte sont pour aider à développer les infrastructures sportives et culturelles. C’est ma manière de rendre un peu à la population africaine et congolaise, à mon échelle, avec mes moyens ». Et de perpétuer l’héritage de Dikembe Mutombo, un joueur, mais surtout un homme qu’on oubliera pas de sitôt.